La Presse a publié le poignant témoignage de Layla Archambault, une jeune fille de 15 ans, ce samedi. L'adolescente a fait parvenir cette lettre au journaliste et chroniqueur Patrick Lagacé.
Layla y écrit qu'elle était non seulement témoin de comportements appropriés, mais qu'elle en a aussi subis bien avant la vague de dénonciations qui déferle actuellement sur le Québec. Et elle n'a que 15 ans. Pour illustrer ses propos, l'adolescente de presque 16 ans a donné des exemples.
Layla a raconté qu'on lui a déjà dit qu'elle avait « trop de seins pour avoir 15 ans ». Elle a aussi dit qu'elle a reçu une vingtaine de photos de membres masculins non sollicités. « Et pas nécessairement d’inconnus. Des amis d’amis se le permettent », a-t-elle souligné. Sur les réseaux sociaux, elle a dit que certains garçons sont tellement insistants qu'elle doit les bloquer.
Layla a aussi raconté qu'un homme dans la trentaine l'a approchée alors qu'elle marchait seule pour rentrer à la maison. Il lui a dit : « Salut, ma jolie ! Pourquoi tu marches nu-pieds ? C’est quoi ton nom ? T’es pas mal belle en tout cas ! Si tu veux, j’peux te faire un lift. » Layla a avoué qu'elle a eu peur et elle a été le plus claire possible pour que l'homme la laisse tranquille.
Ou encore cette autre histoire d'un homme qui la suivait de très près dans les transports collectifs.
Layla a même parlé des histoires d'amies qui ont été touchées sans leur consentement par le frère d'un ami ou de jeunes joueurs de hockey qui « se trouvaient drôles ». Tout ça sous le regard d'adultes et d'autres adolescents qui ne sont intervenus qu'une seule fois, selon elle.
L'adolescente a dénoncé le fait que les femmes doivent composer avec ce genre de situations au quotidien. Elle en fait partie, comme ses soeurs et ses amies.
« J’ai l’impression qu’il n’y a aucune évolution. J’ai hâte que ça change. Il faut vraiment, les garçons », a-t-elle conclu.
Lisez la lettre de Layla Archambault en intégralité sur le site de La Presse.
Patrick Lagacé a été tellement bouleversé par cette lettre qu'il a même consacré sa chronique à cette histoire.
« La lecture de cette lettre m’a secoué, même si je ne devrais pas être surpris », a-t-il écrit ce samedi.
« La lettre de Layla m’a ébranlé : elle donne à penser que le changement ne va pas venir de la jeunesse, par simple osmose », a-t-il ajouté.
Selon lui, pour qu'un changement de culture s'impose, il faudra mettre en place des mesures plus importantes.
« Je pense qu’il va falloir des mécanismes en amont (éducation, sensibilisation) et en aval (répression, réparation) pour endiguer cette culture », a-t-il écrit.
Source: La Presse · Crédit Photo: Adobe Stock